Martha Spinoux-Tardivat, nouvelle directrice des Clochards Célestes

Martha Spinoux-Tardivat, pouvez-vous nous donner 3 mots qui vous définissent ?
Curieuse, hyperactive et fantaisiste

Vous venez d’être nommée directrice aux Clochards Célestes, quelles sont vos priorités pour la saison prochaine et les suivantes ?
Je précise que je porte la dernière saison programmée par Louise Vignaud. Avec le Covid nous avons choisi de reporter presque en intégralité les artistes qui n’ont pu jouer, notre saison prochaine sera donc très intense avec 38 spectacles différents !
Ma priorité est de continuer à aller découvrir les jeunes artistes du territoire (et parfois d’ailleurs), d’en accueillir même à leur tout début et de les accompagner grâce aux compétences de toutes les personnes qui travaillent au théâtre des Clochards Célestes.

Avez-vous un projet en particulier que vous souhaitez mener aux Clochards Célestes et dont vous pouvez nous parler ?
Il me reste un an pour composer ma première programmation donc je ne veux rien graver dans le marbre aujourd'hui. Mais je souhaiterais vivement pouvoir organiser un festival sur la place Chardonnet en face du théâtre. C’est un lieu de vie formidable et proposer des spectacles et des concerts aux habitants a été très peu fait. Je pense que ce serait un très beau moment.

Continuerez-vous à vous entourer d’artistes associés au fil des saisons ?
Jusqu'à présent nous accueillions cinq compagnies associées par saison qui créaient dans nos murs et étaient co-produites. Je me rends compte que les jeunes artistes que nous accompagnons ont besoin de plus d’une saison pour se faire repérer et éventuellement "sortir" de l’émergence. Je souhaite donc accompagner moins mais mieux. Le théâtre aura trois artistes associés mais sur deux ou trois ans, le temps qu’ils puissent vraiment se structurer, créer du lien avec d’autres théâtres et sortir de cet accompagnement plus armés.

Quelle place souhaitez-vous donner au jeune public dans la programmation des Clochards Célestes ?
Le jeune public est indissociable de l’âme du Théâtre des Clochards Célestes qui fut un des premiers lieux à en programmer. Pour moi il est indispensable et je suis très attentive à la qualité des spectacles jeunes publics que nous proposons : les enfants sont le public le plus exigeant, on ne leur ment pas ! Je continuerai à programmer environ huit spectacles pour les enfants par saison, de 6 mois à 10 ans, pendant les vacances, en période scolaire, et à Noël pour que les crèches, les écoles et les familles puissent en profiter.

Parlons de la saison 2021-2022, quels seront ses temps forts ?
Nous avons créé un partenariat avec Courntey Gherarty la nouvelle directrice du Théâtre de la Croix Rousse ainsi elle nous offre la possibilité de programmer un de nos artistes dans le studio du Théâtre de la Croix Rousse ! Ce sera le spectacle Etienne A de Florian Pâques du 1er au 12 février ; l’histoire d’un employé d’Amazon qui se fait enfermer dans un carton la nuit de Noël. C’est le récit des invisibles de notre société, condamnés à accepter ce qu’on leur impose, à se taire et à continuer malgré tout.
Nous continuons aussi la programmation des Dimanches aux Clochards Célestes, des moments conviviaux, gratuits et ouverts à toutes et tous : des scènes ouvertes Slam avec le collectif du Cercle des poètes à la rue, des moments autour de questions féministes avec le collectif la THEF, des cartes blanches aux artistes associés ou encore des émissions de radio créées et enregistrées en direct.

Rencontrerons-nous des artistes lyonnais ?
Une des missions du théâtre en tant que Scène Découvertes est d’accompagner et de programmer en majorité des artistes de la région Auvergne-Rhône-Alpes ainsi ce sont plutôt les non lyonnais qui se font rares !

Pouvez-vous nous présenter 1 ou 2 de vos coups de cœurs ?
Le problème est d’en sélectionner seulement 2 !
Mon premier coup de cœur : Dans mon dessin de Jenny Charreton est une performance poétique, musicale, multimédia et plastique sur les questions de transidentité. C’est une parole que l’on n’entend et ne voit que rarement sur les plateaux de théâtre. Mais c’est surtout d’une poésie sombre et magnifique.
Mon second coup de cœur est un conte, BJIK, de Maia Jarville de la Compagnie La Ligne d’après Tout le monde est occupé, un livre de Christian Bobin. Le spectacle, à partir de 9 ans, raconte l’histoire d’Ariane dont le cœur éclate sur le sol en trois morceaux le jour de son mariage. Elle vole en dormant lorsqu'elle est amoureuse. Elle a une fille qui s’appelle Manège et qui ne dort jamais. J’ai adoré cette fable où les personnages volent, les animaux parlent, les morts se relèvent. Tout est poésie, tout est possible, c’est doux et on voudrait vivre toujours dans ce monde où les rêves coexistent avec la réalité.

Quel est votre livre de chevet en ce moment ?
Il se trouve que je lis L’Astragale d’Albertine Sarrazin, le récit autobiographique d’une écrivaine terriblement libre et intelligente qui a passé une grande partie de sa vie en prison pour des broutilles et s’en est échappé de nombreuses fois. Son récit est une pulsion de vie incroyable et j’ai découvert ce destin épique dans le spectacle Sarrazine écrit par Julie Rosselo Rochet et mis en scène par Lucie Rébéré de la Compagnie la Maison. Quand je suis sortie de ce spectacle j’ai eu envie de le faire découvrir à toutes les personnes que j’aimais. Nous le programmons au Théâtre des Clochards Célestes du 10 au 14 novembre !