Enfance et éducation
- Publié le 17 janvier 2022

Rues des enfants, rues pour tous

Crédit photo : Muriel Chaulet

7 500 élèves profitent déjà au quotidien d’une rue libérée de la circulation automobile pour se rendre à l’école. Passer au groupe scolaire Gilbert Dru (7e) permet de se rendre compte de ce qui change au quotidien.

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« C’est curieux, mais, dans les premiers temps après la fermeture de la rue aux voitures, les enfants continuaient de marcher sur les trottoirs ! Ils se sont réellement approprié les lieux après les aménagements. » Dans cette phrase d’Allan Maria, directeur de l’école élémentaire Gilbert Dru (7e), on comprend toute la persistance de l’automobile dans le paysage urbain. Et pour cause : elle occupe 80% de l’espace public en plus d’occasionner bruit et insécurité. C’est l’ambition des « rues des enfants » d’en libérer les abords d’écoles.
Gilbert Dru figure parmi les pionnières. Dès septembre 2020, quelques dizaines de mètres de la rue Saint-Michel ont été fermés à la circulation. À l’été 2021, cet espace a été réaménagé de façade à façade et agrémenté de rondins de bois, de chemins en pierre qui serpentent à l’ombre des arbres (conservés), auxquels s’ajouteront bientôt des plantations et des zones pour dessiner sur le sol.

Des espaces réaménagés avec les enfants

Pour Sandrine Pommeruel, assistante maternelle, le résultat est séduisant. « Je récupère des enfants sur plusieurs écoles et ceux qui m’accompagnent ici peuvent profiter des lieux, ils adorent sauter sur les rondins de bois. C’est propre et sécurisé, ils ne sortent plus immédiatement sur une rue avec des voitures. »
À Gilbert Dru, comme partout, les « rues des enfants » ont été créées en co-construction avec les premiers concernés, dont l’avis a été sollicité avant les aménagements.
« Après la coupure de la rue en septembre 2020, détaille le directeur Allan Maria, la Ville de Lyon a contacté l’école pour recueillir l’avis des enfants sur la façon de modifier la rue. On a eu une importante demande de nature de la part des maternelles et de lieux de socialisation pour les élèves d’élémentaire ; sans doute l’effet confinement. Et, surtout, nous avons pu transformer la démarche en outil pédagogique en réalisant des maquettes présentées ensuite en mairie du 7e

Convivialité

Plusieurs parents rencontrés devant Gilbert Dru se félicitent de la piétonisation et pas seulement pour l’accès à l’école. « C’est beaucoup plus agréable qu’avant et plus convivial, on s’y retrouve entre familles. Et puis, les enfants peuvent venir y jouer tout le temps ! », selon Floriane. « Le bruit a baissé et les enfants du voisinage veulent jouer ici même quand il n’y a pas école », ajoutent les Piel-Nogueira, une famille de riverains. Quant aux apprentis cyclistes, ils peuvent faire leurs premiers tours de roue sur des lieux sécurisés.
15 des 29 sites (représentant 46 crèches et écoles) déjà devenus des rues des enfants sont des piétonisations permanentes. D’autres, comme Gare d’eau (9e), sont desservis par une zone de rencontres où la vitesse est limitée à 20 km/h. À Ferdinand Buisson (5e), un élargissement du parvis de l’école a été suffisant. La modification des sens de circulation est une autre option possible illustrant l’adaptation de ces aménagements aux besoins et contraintes.

Terrain d’expression

L’objectif final de ces rues des enfants demeure leur appropriation par les premiers concernés. On citera les dessins colorés tracés sur le sol par les élèves de l’école Meynis (3e) avec l’artiste Tomalater ou encore les décors éphémères implantés devant les écoles Doisneau (1er), Rebatel (3e), de La Fontaine (4e), Gerson (5e) et Mermoz (8e) avec la participation d’artistes sollicités par le musée d’Art contemporain. Autant de preuves que l’on peut oublier la voiture…