Hommage
- Publié le 16 octobre 2023

Allocution du Maire de Lyon en hommage à Dominique Bernard et Samuel Paty

Crédit photo : Muriel Chaulet - Ville de Lyon

Les Lyonnaises et les Lyonnais, les agents de la Ville de Lyon étaient invités à rendre hommage à Dominique Bernard et Samuel Paty aujourd'hui à 14h, dans la cours haute de l'Hôtel de Ville. Retrouvez l'allocution prononcée par Grégory Doucet, Maire de Lyon, à cette occasion.

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L’effroyable s’est produit dans l’un des sanctuaires de notre République, là où les instituteurs et institutrices, les maîtres et professeurs, tiennent entre leurs mains l’âme et l’intelligence des enfants comme l’écrivait si justement Jean Jaurès. A Arras, un serviteur de la République et de l’école, est mort parce qu’il a protégé nos enfants.

Malheureusement, une fois encore, au nom d’un obscurantisme religieux, d’un fanatisme meurtrier, la vie de personnes innocentes a été fauchée sur notre territoire, après Toulouse, Montauban, Paris, Magnanville, Nice, Saint-Etienne du Rouvray, Marseille, Carcassonne, Romans-sur-Isère, Conflans Ste-Honorine, ou encore Rambouillet. Et aujourd’hui Arras.

Il faut se rappeler, et passer par cette litanie douloureuse, cette géographie macabre, pour mesurer combien notre pays, au nom des valeurs qu’il porte haut et fier depuis trois siècles, a été ébranlé dans ses fondements républicains par des attaques sanglantes et meurtrières.

Ces actes exigent de chaque élu républicain un discours clair, une condamnation sans équivoque du terrorisme, et un appel à l’unité autour des valeurs qui nous rassemblent : la liberté, l’égalité, la fraternité, et cette valeur si singulière qui fonde notre pacte républicain, la laïcité.

Si chaque vie détruite par ces attaques ignobles est inestimable, l’attaque d’un professeur est encore plus lourde de sens. Elle illustre ce combat des Lumières face aux tenants d’un retour à l’arbitraire, à la loi spirituelle, à des inégalités naturelles. Elle vise à imposer la terreur face à l’enseignement de la raison et de l’émancipation, de la tolérance et de l’esprit critique.

Elle cherche à ébranler les fondements de notre République, incarnée par toutes celles et ceux qui, au quotidien, œuvrent à son service. Toutes celles et ceux qui, à travers la noble mission de l’éducation nationale et de l’instruction publique, dédient leur vie à la plus belle des œuvres : la transmission. Mais aussi toutes celles et ceux qui, à l’hôpital, dans nos bibliothèques, ou encore dans nos mairies, assurent l’intérêt général et le bien commun.

Votre communion, aujourd’hui, avec Samuel Paty et Dominique Bernard, est celle d’une même fraternité au service de la République.

C’est conscients de ce contexte et de nos valeurs en partage que nous saurons allier l’intransigeance avec les valeurs du cœur. Car le piège tendu par celles et ceux qui combattent notre modèle républicain, c’est d’instiller le poison de la division et de la haine. Alors que la plus belle idée portée en 1789, c’est l’ouverture de notre maison commune à toutes celles et ceux qui, partageant les visées et les symboles de notre récit républicain, ont droit d’asile dans notre société. C’est aussi le refus de l’essentialisation de l’individu au nom de son origine, de sa couleur de peau ou encore de sa religion.

C’est le message que portait Dominique Bernard, ou encore Samuel Paty, auprès de milliers d’enfants passés dans leurs classes. Disciple de René Char, Dominique Bernard avait certainement en tête que l’essentiel est sans cesse menacé par l’insignifiant. La République par ses opposants. Soyons à leur hauteur à notre tour.

Mesdames et messieurs, je vous propose une minute de silence en hommage à Dominique Bernard et Samuel Paty.