Question de Nadine Georgel, Maire de Lyon 5, au Conseil municipal de Lyon : Soutien aux clubs sportifs

Question de Nadine Georgel : quelles mesures pour soutenir les clubs sportifs en difficulté ?

Comme les acteurs culturels, touristiques ou encore les commerçants, les associations sportives ont été particulièrement affectées par les restrictions des derniers mois : distanciation physique dans les équipements, confinement limitant les déplacements, couvre-feu restreignant les horaires, annulation de la plupart des événements.

Si ces mesures sont légitimes face au virus, et leur adaptation nécessaire face à l’évolution de l’épidémie, notons tout de même que la modification quasi permanente des règles prises par le gouvernement et la préfecture n’ont pas permis une bonne anticipation de leurs impacts, ni une évaluation de leur efficacité.

Nadine Georgel et les membres du conseil d’arrondissement saluent le travail des services de la Ville de Lyon, de la direction des sports, du cabinet et des mairies d’arrondissement, qui ont travaillé d’arrache-pied pour adapter ces mesures, les décliner sur le territoire, et les rendre compréhensibles. Et bien sûr les associations sportives et les offices des sports, qui ont fait preuve d’une grande responsabilité dans cette période, et d’un soutien sans faille, par exemple dans l’organisation du Forum des associations du 5e arrondissement début septembre dans le respect des gestes barrières.

« Ces associations sont aujourd’hui inquiètes. Le 30 novembre dernier, nous recevions une interpellation écrite de l’OFFISA (Office des Sports) du 5e arrondissement par la voix de son président Jean-Marc Morel sur les difficultés des clubs sportifs face aux crises sanitaire et sociale auxquelles nous faisons face depuis près d’un an. »

Les difficultés qui se dessinent sont notamment :

• D’une part une baisse du nombre de licenciés : selon une étude récente du Comité National Olympique, 74% des clubs déclarent des pertes d’adhérents, en moyenne de 26%. Une perte constatée également dans le 5e arrondissement ;
• D’autre part, des pertes financières importantes qui menacent les trésoreries et fonds de roulement, liées à la baisse de recettes issues des cotisations mais aussi des sponsors et des événements.

Les bénévoles et salariés des clubs sportifs font vivre le territoire et renforcent le lien social. Par ailleurs, le sport sera un pilier indispensable en matière de santé après une année très sédentaire. Il est donc indispensable de préserver les structures et préparer la reprise, que l’on espère la plus proche possible.

La Mairie du 5e arrondissement souhaite donc savoir quelles mesures sont envisagées à court et moyen termes pour soutenir les clubs sportifs et permettre une large reprise de l’activité sportive.

Enfin, si cette crise appelle un certain pragmatisme, elle ne doit bien sûr pas faire renoncer aux ambitions sociales et écologiques sur le mandat. Aussi, la Mairie du 5e arrondissement souhaite connaître l’articulation prévue entre d’une part le soutien nécessaire aux clubs face aux difficultés conjoncturelles, et d’autre part les ambitions de transition écologique et sociale, notamment l’accompagnement vers plus d’éco-responsabilité et d’inclusion sociale, et notamment de féminisation et de démocratisation.

Réponse de Julie Nublat-Faure : la mise en place d’une politique de démocratisation et réaffirmation d’un engagement autour du sport émancipateur

Julie Nublat-Faure, Adjointe au Maire de Lyon déléguée aux Sport, jeunesse, vie associative, éducation populaire, a pris la parole afin d’exposer les principes et les logiques d’action de la politique sportive municipale, consciente de la gravité et la complexité de la situation pour les associations, les clubs et les pratiquants.

« Le sport n’est pas une variable d’ajustement de notre plan de mandat. Il est un axe bien réel. Et même un élément fondateur qui s’articule et s’articulera avec notre politique sociale, notre politique d’aménagement urbain, notre politique de santé, notre politique d’émancipation. C’est un projet reposant sur davantage d’inclusion, davantage d’égalité, davantage d’éco responsabilité, de solidarité et de démocratie. »

Aussi, la Direction des Sports et le Contrôle de Gestion sont mobilisés depuis plusieurs mois et rencontrent, analysent les cas des clubs se sentant fragilisés. Ces rendez-vous ont permis et permettent aux clubs d’être rassurés, d’être suivis si une fragilité est ressentie ou repérée.

Une réunion d’information et de concertation se tient tous les mois, avec les élu.es déléguées aux Sports des 9 arrondissements, en lien avec les Offices des Sports d’arrondissements. Un travail collectif, horizontal qui permet de faire remonter efficacement les données et observations du terrain.

Plus de 500 clubs sportifs vivent à Lyon et gèrent, avec responsabilité, leurs finances. Dans cet ensemble, une quarantaine de clubs fragiles sont identifiés et accompagnés. Aussi, dès le mois de Mars, des soutiens individualisés pour 3 d’entre eux seront engagés.

Au-delà de ces perspectives, des actions déjà engagées par la Ville de Lyon

• Les stages de Noël inédits ont pu se dérouler pour de nombreux clubs grâce à la mobilisation des services de la ville sur cette période de coupure traditionnelle.
• La poursuite du programme Trait d’Union ainsi que le maintien des subventions aux clubs sportifs
• Ce diagnostic engagé par la Direction des Sports et le Contrôle de Gestion.

Au-delà de la crise sanitaire, quelles sont les ambitions de la Ville de Lyon ?

Parce que la Ville souffre d’inégalités structurelles et de représentations datées dans son versant sportif (équipements vétustes, sous-dimensionnés, nécessité d’objectiver les financements publics du sport), la politique en matière d’accès au sport doit être transformée pour permettre un véritable accès à tou-te-s, à fortiori en cette période de crise sanitaire où l’on constate les ravages physiques et psychologiques de la sédentarité. La politique sportive de la ville se déclinera ainsi :

• Une politique de démocratisation sera entreprise : par la rénovation et la construction de nouveaux équipements, par une refonte de l’accès aux créneaux sportifs, par une densification du sport en accès libre pour faciliter et rendre plus lisible les usages des sites sportifs par et pour les habitants.
• Un engagement autour du sport émancipateur sera réaffirmé : la crise sanitaire fragilise grandement le tissu associatif sportif ; en défendant le droit à la reprise sportive la plus rapide, la Ville soutient l’engagement bénévole et oeuvre par ailleurs dans le sens d’une plus grande inclusion (féminisation, handisport, LGBTI+). Pour ce faire, le budget genré sera décliné sous l’angle sportif, de manière à infléchir une politique financière équitable et solidaire.
• Enfin, un accompagnement des acteurs du sport vers l’éco responsabilité grâce à un travail de développement du sport-santé. Maillon essentiel du bien vivre de chacun-e, l’accès à une pratique sportive est aussi un outil de prévention et de lien intergénérationnel. Par ailleurs, la valorisation d’espaces naturels comme patrimoine sportif et écologique sera travaillé. Des assises nationales de l’éco-sport permettront de faire le bilan à mi-mandat des avancées en la matière et de jauger le chemin restant à parcourir et les outils le permettant.

« Le sport ne doit être ignoré ni des classes dirigeantes ni des intellectuels »

Pasolini, écrivain, grand sportif et fan de football et de cyclisme