Commémoration
- Publié le 10 février 2020

Se souvenir des enfants

Crédit photo : Dévoilement de la plaque en hommage aux enfants juifs séquestrés à l'Antiquaille.

Lyon, capitale de la Résistance et cruellement marquée par la répression nazie et la barbarie orchestrée par Klaus Barbie, rend un hommage particulier aux 75 enfants juifs séquestrés en 1944 au sein de l’hôpital de l’Antiquaille et pour beaucoup d’entre eux morts en déportation.

Contenu

C'est un épisode méconnu de la Seconde guerre mondiale. En 1943, la prison de Montluc, réquisitionnée par les Allemands, devient un centre d’internement pour les juifs de la région en plus d’être une prison. Dès février 1944, Montluc est surpeuplé, les enfants juifs raflés par la Gestapo et ses collaborateurs français sont donc séparés de leurs parents. Ils sont alors transférés à l’hôpital de l’Antiquaille déjà transformé par les autorités françaises en « prison » pour les résistants malades soignés sous surveillance.

De 4 mois à 14 ans

Jusqu’au mois d’août 1944, à la veille de la Libération de Lyon, ils seront 75, âgés de 4 mois à 14 ans, à y être séquestrés quelques jours voire plusieurs semaines. 58 enfants étaient français, d’autres venaient d’Allemagne ou du Luxembourg. 48 ont été déportés. Un seul est revenu. 9 enfants ont échappé à la déportation en raison de la libération de Drancy le 18 août 1944. 6 enfants ont été libérés grâce à une opération de la résistance juive – Union juive pour la résistance et l’entraide-. Il restait un enfant à l’Antiquaille au moment de la Libération de Lyon.

Cet épisode a été révélé et analysé dans le cadre des travaux de l'historienne Sylvie Atar dont la thèse Etre juif à Lyon de l'avant-guerre à la libération vient d'être publiée (éd. Tirésias). La liste des enfants a été établie par les époux Klarsfeld. En hommage et pour ne pas oublier, cette liste a été reprise sur une plaque commémorative installée sur l'esplanade Saint-Pothin par la Ville de Lyon à la demande du CRIF (Conseil représentatif des Institutions juives de France). Elle a été dévoilée par le Maire de Lyon et le Ministre de l'Education nationale et de la jeunesse, Jean-Michel Blanquer. Au cours de la cérémonie, 75 élèves en CM de l'école Albert Camus ont déposé 75 roses symbolisant les 75 enfants séquestrés, des élèves du lycée Saint-Just ont lu des témoignages et rappelé un à un les 75 noms des enfants, des collégiens de la Maîtrise du Conservatoire à rayonnement régional ont chanté Nuits et brouillard de Jean Ferrat.

Etaient également présents, Nicole Bornstein, présidente du CRIF Auvergne Rhône-Alpes ; Jean Levy, délégué régional de l'Association des fils et filles des Déportés juifs de France ; Pascal Mailhos, préfet de la région Auvergne Rhône-Alpes.

En images